about who i play

Les gens dans cette salle semblaient vraiment étranges. Il y avait cette petite fille, qui se balançait d’avant en arrière, inlassablement, et cet homme qui ne cessait de regarder les aiguilles de l’horloge qui n’avançaient pas aussi vite qu’il le voulait. Parmi eux, et les autres, Jun Hyung se sentait bien mal à l’aise, à vrai dire il ne comprenait vraiment pas pourquoi sa mère avait pu le trainer jusqu’ici, et surtout, comme il avait pu accepter. Mais il était maintenant trop tard pour faire demi-tour, le médecin sortait déjà de l’ouverture de la porte, saluant son patient et jetant un coup d’œil à sa fiche afin de découvrir le nouveau du prochain. Han Jun Hyung, le nom résonna dans le silence de la pièce. Et sans un mot, le coréen se leva, accompagné de sa mère tout aussi muette. Les parents de la petite fille le regardèrent bien bizarrement, peut-être le nom masculin les avait-il surpris ? Il était vrai qu’à le voir ainsi avec sa si fine silhouette et ses traits d’une finesse inouïe, on pouvait avoir du mal à admettre se trouver en face d’un jeune garçon. Et ses vêtements serrés, ainsi que sa coiffure n’aidaient sûrement pas non plus. Mais tant pis, il assumait entièrement cette apparence androgyne et s’affirmait bel et bien comme un homme. Ce que pouvait penser les autres, il s’en fichait royalement. A la demande du vieillard à lunette, il s’installa sur un des deux grands fauteuils présents devant le bureau, et attendit plutôt impatiemment que la séance débute.

« Et bien, bonjour à vous.
- Bonjour.
- Vous connaissez la raison de votre présence ici jeune homme ?
- Ma mère m’y a contraint.
- Bien, je vois. »

Celui-ci lança alors un regard interloqué vers la dite mère, étonné d’une telle réponse de la part de l’adolescent. Compréhensive, celle-ci le gratifia d’un sourire gêné et avala difficilement la salive. Comme elle l’avait imaginé, les choses n’allaient pas être si simples que cela.

« Si nous sommes ici monsieur c’est parce que mon fils a énormément changé.
- Vous pouvez m’en dire un peu plus ?
- Et bien voyez-vous, Jun Hyung a toujours été un garçon très curieux, cultivé et gentil. Quand il était à l’école primaire il était déjà très populaire auprès des filles, comme des garçons. Et cela n’a pas changé jusqu’au lycée. A la maison il a toujours été là pour nous aider et… Aujourd’hui il ne nous adresse plus la parole, nous lance des regards si froids que j’en tremble encore. Je ne comprends. Nous ne comprenons pas. C’est pourquoi nous avons besoin de votre aide.
- Jun Hyung, pourquoi ne pas donner d’explications à vos parents ?
- Il n’y a rien à dire, c’est tout.
- Vous voyez, il est si distant..
- Oh lâche moi tu veux.
- S’il vous plait, restons calmes. Madame, quand avez-vous noté un tel changement ?
- …
- Madame ?
- Lorsque son frère jumeau est tombé malade, c'est là qu'il a commencé à s’éloigner de la vie familiale. »

Son frère. Diable, de quel droit osait-elle parler de lui à cet inconnu ? Cette histoire ne le regardait pas, sa vie n’avait pas à être exposée ainsi. Jun Hyung s’apprêta à partir quand il sentit la main de sa mère lui attraper le bras. Son regard se plongea alors dans les yeux suppliants de celle qui lui avait donné la vie.

« Je sais que c’est pour ça, parle au médecin, il est là pour t’aider.
- M’aider pour quoi ? Je n’ai besoin de l’aide de personne.
- Visiblement cette maladie semble vous toucher. Qu’en pense votre frère ?
- Il est mort.
- Toutes mes condoléances..
- Vous fatiguez pas, je m’en fou de votre pitié.
- Han Jun Hyung !
- Mais quoi ? Oui mon frère est tombé malade, oui je l’aimais, mais non je n’ai pas été capable de l’accepter et de le soutenir parce que le voir souffrir comme ça était beaucoup trop dur. Aujourd’hui il n’est plus là, et ce n’est pas ce psychologue qui pourra y changer quelque chose. Je n’ai pas été fichu de prendre soin de lui. Je ne veux plus être comme avant, je ne veux pas être ce lâche qui a tourné le dos à sa moitié. Rester avec vous me fait penser à lui. Être cynique, froid et libertin me permet de me sentir mieux. Si tu m’aimes, respecte mes choix et c’est tout. »

Il était inutile de préciser que malgré le mur épais qui séparait la salle de consultation de celle d’attente, le cri désespéré du garçon avait été entendu de tous. Ça aussi il s’en moquait. A vrai dire, aujourd’hui il ne se souciait plus de rien. Il avait quelques rares amis qui le supportaient comme il était, arrogant, moqueur, fêtard, un peu trop calme lors de ses moments de sobriété. Mais par-dessus tout, personne ne pouvait nier son incroyable don et passion pour la mode, ainsi que ce talent fou qui lui permettait d’apaiser les consciences en donnant des conseils si justes. Conseils qu’il n’arrivait malheureusement pas à suivre pour lui-même. Soit, il savait bien que tant qu’il n’aurait pas accepté la mort de son frère, il resterait ainsi, il n’avait pas besoin qu’un médecin vienne le lui dire. Il rejeta donc brutalement la main de sa mère, sortit de sa poche un paquet de cigarette et porta une d’entre elle entre ses lèvres. Malgré l’interdiction que lui lança l’homme, il n’arrêta pas et s’en alla ainsi, allumant la salle chose à laquelle il serait éternellement fidèle.


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